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jeudi 5 novembre 2009

Tout est dit.

Je n'ai même pas lu les cent premières pages de 1984 d'Orwell, et je sais qu'il est très commun d'y faire référence, mais tout de même... Cela fait longtemps que je n'ai pas été aussi effrayée par une lecture.

Et après avoir lu ça le soir, qu'est ce que je lis au réveil?

"Quel rapport entre les peuplades gauloises et autres ethnies, l’ancien régime féodal et la France post-révolutionnaire ? La France aujourd’hui, ce sont les valeurs de la déclaration des droits de l’Homme et celles de la République. Tout autre concept me semble des plus fumeux."

J'aimerais bien l'avoir inventé, mais hélas non, ça a été écrit au premier degré.

A ce stade, j'ai donc une suggestion en trois points pour faire avancer le débat sur l'identité nationale:

-Me conférer des pouvoirs illimités.

-Me fournir une guillotine.

-Me laisser faire le tri entre ceux qui cancannent ces phrases par habitude et ceux qui les pensent réellement.

Fantasme de puissance à part, je retourne travailler. J'ai une étude à faire sur un auteur du 17e ; c'est à moi de lui annoncer qu'il ne fait pas partie de l'identité française, ça va lui briser le coeur.

16 commentaires:

  1. Vous avez remarqué comme moi à quel point le pseudo-débat lancé par le ministricule Besson a le pouvoir de surmultiplier la connerie des cons ?

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  2. Sinon, j'approuve votre suggestion et me propose pour étudier les dossiers des accusés.

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  3. Anthony > Celui qui l'a dit, c'est le merveilleux auteur de "plume de presse" (le blog engagé à être plus bête chaque jour):

    http://www.plumedepresse.com/spip.php?article1269

    Didier > Oui, je vois ça! Mais si je suis allée lire ce qui s'y passait sur ce blog, c'est à cause de vos liens. Je ne vous dis pas merci!

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  4. J'ai entendu Martine Aubry expliquer (hier ou avant-hier) sur RTL que l'identité de la France n'était "pas culturelle" (je puis vous assurer que c'est exactement ce qu'elle a dit). Vous comprendrez qu'après avoir entendu une connerie pareille, je ne sois pas choqué outre mesure par ce que vous avez dégoté, qui n'est après tout qu'une déclaration fort banale en ces temps de débat sur l'identité nationale. Encore qu'en fait de débat, j'ai plutôt l'impression d'assister à une orgie de protestations d'antiracisme et d'apologies du métissage obligatoire, entre des gens qui, pour une raison que j'ignore, semblent avoir l'impression de n'être pas d'accord.

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  5. En effet, à ce stade, ce n'est plus la peine d'essayer de comprendre ce qu'ils veulent dire.

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  6. Vous avez sans doute raison, d'autant qu'ils ne savent probablement pas eux-mêmes ce qu'ils veulent dire. Cependant, il me semble que cela peut valoir la peine de s'intéresser à ce qu'ils disent, quand bien même cela semble entièrement dénué de sens. Ainsi, quand Martine Aubry dit que l'identité nationale n'est "ni ethnique, ni religieuse, ni culturelle" (il me semble que ce sont à peu près ses mots), même si je n'irais pas jusqu'à lui attribuer la faculté de penser (c'est déjà pour moi un sujet d'émerveillement constant qu'elle soit capable de produire des sons articulés et de mettre un pied devant l'autre), elle résume très exactement la doctrine qui nous a conduits dans l'impasse où nous sommes.

    En effet, en disant cela, elle montre que pour elle, comme pour l'ensemble de la classe politique, l'identité nationale ne peut s'identifier qu'à des principes politiques, comme si ceux-ci n'étaient pas le produit d'une histoire, l'effet d'habitudes et de moeurs particulières. C'était déjà le reproche qu'Edmund Burke adressait aux révolutionnaires français, c'est contre cette tendance qu'a prétendu lutter Tocqueville.

    Évidemment, Martine Aubry ne sait rien de Tocqueville, encore moins d'Edmund Burke, si ce n'est peut-être ce qu'elle a lu à leur sujet dans une fiche de culture générale (quelle atroce pratique) il y a trente ans, tout cela constituant le fond de la culture de notre soi-disant élite. On dit souvent que pour ces gens-là, l'histoire de France commence en 1789, mais à mon avis, c'est déjà remonter trop loin : pour eux, elle commence aujourd'hui et, s'ils le pouvaient, ils la feraient commencer demain.

    Enfin, quoi qu'il en soit, pour finir sur une note plus joyeuse, j'en profite pour vous féliciter pour votre blog. J'ignorais l'existence de la réacosphère jusqu'à il y a peu, je l'ai découverte grâce à un article dans je ne sais plus quel torchon. Évidemment, l'article en question se voulait une mise en garde. Évidemment, j'ai immédiatement pensé que les gens dont on parlait dans cet article devaient être sympathiques. J'avoue que je me bats encore un peu avec le vocabulaire utilisé par certains - qu'est-ce qu'un cpf ? un faf ? un truc ? un machin ? un machin-truc ? - mais je dois dire que j'ai souvent été agréablement surpris.

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  7. Effectivement votre analyse sur Martine Aubry me semble juste... J'ai lu la citation dans son intégralité, je me suis demandée "Mais qu'est ce qui reste alors?" et la réponse restait tristement évidente: rien. Et donc partout sur le net, les gens qui croient que la France n'a pas d'identité crient sur les gens qui croient que le gouvernement UMP en a quelque chose à faire, de cette identité.

    On ne dira jamais assez la grande uttilité des torchons assassins.

    Et pour votre dernière question, un faf, c'est un "facho", selon les "antifaf"... Et un CPF, une "chance pour la France".

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  8. C'est exactement ce que j'ai pensé quand je l'ai entendu : mais alors qu'est-ce qui reste ? La réponse de Martine Aubry, celle dont on nous rebat les oreilles en ce moment, c'est qu'il reste des principes politiques (pardon, les principes républicains) : la liberté d'expression (il y aurait beaucoup à dire sur le sujet), l'égalité républicaine (j'ignorais qu'il y eût une égalité spécifiquement républicaine), la laïcité, etc. Outre le fait qu'en général il n'y a plus beaucoup de substance derrière ces mots, qui ne sont plus que des références verbales obligatoires auxquelles se raccrochent des politiciens croyant y trouver un refuge à peu de frais, le problème est surtout qu'on laisse ainsi penser que ce qu'il y a de réalité dans ces principes est indépendant des particularités historiques, religieuses et culturelles qui constituent l'identité de la France. Comme si c'était par hasard que la laïcité (qui me semble soit dit en passant un principe particulièrement imbécile) avait vu le jour dans le pays de Philippe le Bel, celui-là même qui n'hésita pas à envoyer Guillaume de Nogaret s'emparer de la personne de Boniface VIII, dans le pays de l'Église gallicane et du Concordat ! Il est d'ailleurs particulièrement intéressant de voir comme on se réfugie aujourd'hui derrière la laïcité (c'est-à-dire un principe politique qui intéresse l'État et non pas les particuliers) qu'on invoque à tout bout de champ pour justifier ce qui relève en réalité de la défense de l'identité nationale française (l'interdiction du port du voile, même à l'école, ne peut selon moi trouver aucune justification dans le principe de la laïcité, en tout cas tel qu'il est affirmé par la loi de 1905). Tout cela parce qu'on craint de s'avouer qu'on veut imposer aux immigrés, non pas seulement des principes politiques, mais également la culture dont ils sont issus.

    Par ailleurs, je ne suis pas convaincu que les Français soient tout à fait dupes de la manoeuvre ayant présidé l'ouverture de ce prétendu débat sur l'identité nationale, qui s'achèvera sans aucun doute par une célébration de l'apport de l'immigration à la grandeur de la France. D'ailleurs, je ne pense même pas que le gouvernement ait vraiment espéré tromper les Français sur ce point, il n'en a pas besoin. Il suffit que la gauche réagisse comme elle le fait pour que la manoeuvre réussisse. En effet, bien qu'à mon avis les Français aient compris les arrière-pensées du gouvernement dans cette affaire, il n'en sont pas moins excédés d'entendre la gauche affirmer que l'identité nationale n'est pas un véritable problème, ou réduire cette identité à quelques principes politiques abstraits. La droite, c'est-à-dire ce grand parti de gauche qu'en France on appelle la droite, n'a pas besoin de gagner les élections, elle n'a qu'à faire perdre la gauche. Et pour cela, il lui suffit d'agiter un chiffon rouge comme l'immigration ou l'insécurité. Ensuite, elle n'a qu'à attendre tranquillement que les responsables du parti socialiste viennent expliquer à la radio et à la télévision que l'immigration est une chance pour la France, que l'insécurité n'existe pas ou qu'en réalité les délinquants sont des victimes. Même si les Français ne se font sans doute pas beaucoup d'illusions quand à la capacité et la volonté de la droite de s'attaquer à ces problèmes, ils sont tellement excédés par ce genre de propos qu'ils votent pour l'UMP ou qu'ils s'abstiennent de voter pour le PS, ce qui suffit à faire gagner la droite, qui n'en pense pourtant pas moins que la gauche sur toutes ces questions.

    Quoi qu'il en soit, merci pour l'explication de texte, je dois avouer que le coup de la "chance pour la France" m'a bien fait rire, par contre je ne comprends toujours pas pourquoi "faf" signifie "fasciste", n'est-ce donc pas un acronyme ? Il faudrait que quelqu'un rédige un lexique pour les gens dans mon genre qui sont un peu perdus.

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  9. A ma connaissance c'est juste facho qui est devenu faf par commodité verbale, mais peut être qu'il y a une explication savante. Celui qui la fournira sera désigné responsable de l'édition du dictionnaire 2010 réaco-français.

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  10. Ce qui, à n'en pas douter, sera considéré comme un insigne honneur :-) Il faudra également penser à écrire un dictionnaire français/réaco, histoire de pratiquer le thème et pas seulement la version ! Je suis également intéressé par tout dictionnaire qui pourrait m'aider à comprendre l'entretien que Jean-François Bayart a accordé au Monde. Il semble en effet qu'il s'exprime dans une langue qui, en dépit d'une ressemblance superficielle avec le français, m'est tout à fait inconnue. C'est peut-être que, lorsqu'on devient très intelligent comme lui, on cesse tout d'un coup de parler français. À moins que ce ne soit tout simplement qu'à l'instar d'un grand nombre de ses collègues, il s'imagine qu'il suffit de s'exprimer de manière incompréhensible pour donner l'impression qu'on est intelligent, mais j'ose à peine envisager cette hypothèse tant je suis rempli de respect devant cette image vivante du génie français qu'est Jean-François Bayart.

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  11. Bonjour

    @ Philippe Lemoine

    "Faf" est effectivement une contraction (sic) qui sonne, comme on dit dans le showbiz, du mot "fasciste",en usage dans nos contrées depuis six ou sept lustres ( post 68 à ma connaissance ).
    Désignait à la glorieuse époque les bastonneurs "néos",style Ordre Nouveau ou Colonne 88 plutôt que le mussolinien de salon.
    Je m'empresse d'ajouter, afin d'éviter tout malentendu, que je dois avoir quelque part dans mon grenier la discographie intégrale de Maxime Leforestier et Graeme Allwright.

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  12. @ Contumax : Initialement, "Faf" est l'acronyme, (né en 68 effectivement) de "France aux Français", et désigne tout militant de ce qu'il est convenu d'appeller l'extrême-droite chez nous.

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  13. @ Sir Shumule
    Merci de citer le Wiktionnaire mais je ne trouve trace de cet "acronyme" nulle part, un peu trop beau . Le Wiktionnaire cite à l'appui une phrase contenant le "mot" , ce qui confirme son emploi en 68 certes, mais pas de source indiquant son caractère propre ; peut-être forgé à
    postériori.Je continue mes recherches.
    Merci

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  14. @ Tumax - Je ne cite personne (???) - Bravez le ridicule en lisant n'importe quel texte "militant" des années 68 et post (tracts situs, traduction de Jerry Rubin etc :)), et vous trouverez même parfois la forme initiale "F.A.F."

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  15. @Mule

    Désolé de vous avoir blessé.
    On trouve effectivement le " faf " ou "F.A.F" dans les textes que vous suggérez. Mais cela ne démontre que son usage dans un contexte précis et adapté, si j'ose dire.
    Un "spécialiste" de l'extrème droite sur le net donne cette définition : retro-acronyme, à l'origine une apocope de fasciste.Fort savant mais sans sources non plus. Assez proche toutefois de ma version.
    Il existait en outre un "Front pour l'Algérie Française" en 1960 ( F.A.F )qui a pu
    inspirer à postériori le "FAF" qui nous occupe.
    Do it, Sir. Je vous communique mes résultats.

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