En complément de cette note.
"A consulter les sources du temps, textes ou monuments, il s'avère que ce qui caractérise la Renaissance, celle du XVIe siècle, et rend cette période différente de celles qui l'ont précédée, c'est qu'elle pose en principe l'imitation du monde classique. La connaissance de ce monde, on la cultivait déjà. Comment ne pas rappeler ici l'importance que prend, dans les lettres, l'Art d'aimer d'Ovide dès le XIe siècle, ou encore, dans la pensée, la philosophie aristotélicienne au XIIIe siècle.
Le simple bon sens suffit à faire comprendre que la Renaissance n'aurait pu se produire si les textes antiques n'avaient été conservés dans des manuscrits recopiés durant les siècles médiévaux. On a souvent évoqué, il est vrai, pour expliquer cette "redécouverte" d'auteurs antiques, le pillage de Constantinople par les Turcs en 1453, qui aurait notamment eu pour résultat d'amener en Europe des bibliothèques d'auteurs antiques conservées à Byzance; mais quand on examine les faits, on s'aperçoit que cela n'a joué qu'à une échelle infime et n'a été aucunement déterminant.
Les catalogues de bibliothèques qui nous ont été conservés, antérieurs au XVe siècle, le prouvent abondamment. Pour prendre un exemple, la bibliothèque du Mont-Saint-Michel au XIIe comportait des textes de Caton, le Timée de Platon (en traduction latine), divers ouvrages d'Aristote et de Cicéron, des extraits de Virgile et d'Horace..."
Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen Age. (Pages 17 et 18 de l'édition représentée en illustration.)
Ah, vous ne me rajeunissez pas, vous ! J'ai lu ce livre il y a près de trente ans... et je crois bien que c'était dans cette édition, en plus.
RépondreSupprimerEn fait, bien qu'elle eût déjà commencé avant cela, la redécouverte des manuscrits grecs par les Occidentaux a bien été le résultat du pillage de Constantinople, mais pas tant celui de 1453 par les Turcs que celui de 1204 par les croisés ! Par exemple, saint Thomas d'Aquin, qui est incontestablement l'un des plus grands génies de l'histoire universelle, a travaillé sur les traductions d'Aristote de Guillaume de Moerbeke, qui avait été évêque dans une paroisse latine du Péloponnèse, laquelle n'aurait jamais vue le jour sans la IVème croisade. D'une façon générale, il est clair que le Moyen Âge n'est certainement pas un âge d'obscurantisme, mais qu'il a au contraire très largement contribué à l'épanouissement de la civilisation européenne.
RépondreSupprimerCela dit, il n'est pas faux non plus que les progrès des Turcs ont favorisé la transmission des connaissances de Constantinople à l'Occident, en passant notamment par l'Italie. Je pense en particulier aux textes de Platon, qui n'ont vraiment été redécouvert qu'à partir du XVème siècle. Par exemple, Marsile Ficin, l'un des grands éditeurs des textes de Platon, qu'il a également traduits en latin, a été amené à l'étudier à la suite du concile de Florence en 1439. Or, si l'Empire byzantin n'avait pas été menacé d'anéantissement par les Turcs, jamais ce concile, qui visait à réunir les Églises d'Orient et d'Occident, mais surtout à obtenir l'aide des Occidentaux contre l'Empire ottoman, n'aurait eu lieu !