Je ne fais pas grand chose d'autre sur ce blog que commenter l'actualité, et récemment, l'actualité, c'est l'autorisation qu'une lesbienne a reçu d'adopter un enfant. Pour simple rappel, elle adopte en tant que célibataire, chose que les homosexuel(le)s pouvaient déjà faire. Avec difficulté peut être, mais j'ai moi même connu un couple d'homosexuelles qui avaient adopté chacune un enfant, et ce avant la quarantaine, ce qui prouve que la procédure s'est pour elles faite dans les délais habituels (longs, mais habituels) et sans le moindre battement médiatique. Peut être qu'elles ont obtenu cet accord en cachant leur situation de couple - mais j'en doute. Et pourtant, ces enfants étaient là, je ne les ai pas rêvés.
Le plus probable pour expliquer le refus qui avait été opposé à Emmanuelle B. est donc... que les raisons données étaient purement sincères et réalistes.
"Votre projet d'adoption révèle l'absence d'image ou de référents paternels susceptibles de favoriser le développement harmonieux d'un enfant adopté, note-t-il. Par ailleurs, la place qu'occuperait votre amie dans la vie de l'enfant n'est pas suffisamment claire."
Bref, ce qu'il y a de nouveau dans ce cas, ce n'est pas qu'une lesbienne élève un enfant, ni même en adopte un, mais c'est ça:
"Cet arrêt de principe rendu par la Cour siégeant en grande chambre marque un tournant dans la jurisprudence européenne."
Ce n'est pas avec cet article que je remporterai une adhésion facile, pour cela je devrais me contenter de me moquer des poulpes de Fadela Amara, mais je vais malgré tout essayer de commenter le sujet, en distinguant trois points:
Le premier est l'adoption. Je ne suis a priori pas favorable à l'adoption d'enfants d'autres continents, mais je pense qu'il y a une bonne réserve d'orphelins en Russie. Il semble normal de les confier avant tout aux personnes les plus normales: ça veut dire les couples hétérosexuels d'abord. Si jamais il restait encore des enfants à adopter, là oui, je serais favorable à ce qu'ils sont confiés à d'autres "cas de figure". Ce qui veut dire, dans ma tête: les lesbiennes avant les gays, et les gays avant les célibataires.
Car on en parle rarement, mais les célibataires hétérosexuels peuvent adopter aussi: et cela me semble encore bien plus grave pour un enfant qu'être élevé par deux femmes. Même sans référent masculin, l'enfant peut au moins voir deux adultes être en couple, interragir, prendre des décisions ensemble, se garder du temps à part, ce genre de choses qui font la vie de famille ; c'est plus sain à mes yeux qu'un rapport mère-enfant exclusif. A moins, peut être, que l'enfant ne soit déjà assez âgé, mais là j'entre dans des détails et je suis très loin de mon domaine de compétence.
Le deuxième point est "l'homoparentalité" par d'autres biais que l'adoption. Ca peut être les enfants d'un précédent lit, ou des arrangements entre amis, jusqu'aux cas extrêmes type: "je me suis prostituée pendant des années, j'ai trouvé une copine, et j'ai choisi un client avec qui enlever la capote pour tomber enceinte" (oui, je l'ai entendu, quant à savoir si c'est vrai je ne garantis rien).
Sur ce sujet là, je ne pourrai que ressortir le vieux refrain: ça existe, et c'est tout. Il y a des homosexuels qui se marient et quittent leur femme pour un homme plus tard, j'en ai rencontré toute une floppée. (Et vice versa, mais je n'en ai pas été témoin.) Dans ce cas là, il n'y a pas de questions particulières à se poser: l'enfant a un père et une mère, et la manière dont il accepte ou n'accepte pas l'homosexualité de l'un d'entre eux est une affaire familiale privée. Je classe dans la même catégorie les amis qui se mettent d'accord pour avoir un enfant: il y a un père et une mère, et si il y a aussi un beau-père et une belle-mère ce n'est pas une raison pour leur conférer davantage de droits qu'à des beaux-parents classiques. Dans certains cas, parler de famille homoparentale est même un abus de langage: j'ai connu une femme hétérosexuelle qui avait eu un enfant avec un ami gay - elle ne se sentait pas du tout concernée par le terme...
On me dira qu'il y a aussi l'insémination in vitro: il s'agit des cas où une homosexuelle va faire un tour en Belgique pour collecter du sperme anonyme et revient avec un petit belge dans le ventre. (Vous pouvez toujours lire et elles eurent beaucoup d'enfants, sur le sujet.) Les problèmes moraux qui s'attachent à cet anonymat du père sont très compliqués, mais ils concernent aussi les couples hétérosexuels qui ont recours à cette solution. Quant à la situation problématique sans cesse évoquée, qui est que la belle-mère n'a pas de droits sur l'enfant, je ne suis pas sûre que ça mérite de légiférer. Le cas extrême serait que la mère décède et que la belle-mère se voit retirer la garde: mais est-ce que ça arriverait sans bonnes raisons dans l'Europe actuelle? Je ne crois pas.
A part la PMA où le père est vraiment anonyme et invisible, il y a tout cet éventail de cas particuliers, tous ces gens qui ont trouvé une solution pour avoir les enfants qu'ils désiraient, parce que, tout bêtement, on ne peut pas les en empêcher. Ca ne veut pas dire qu'on est forcé de tout démolir et remonter dans le désordre pour les arranger non plus, je suis d'accord : ils peuvent rester des cas particuliers par rapport à une norme. Mais je ne peux pas prétendre désapprouver alors que je sais très bien que même si je faisais ma vie avec une femme, j'aurais des enfants, coûte que coûte.
Et on en arrive à la troisième et dernière partie de ma réflexion, qui est: le matriarcat. Parce que à mes yeux, le sujet n'y est pas lié, mais depuis que l'histoire d'Emmanuelle B. fait son petit chemin sur internet, les blogueurs hurlent (encore) que nous assistons à l'instauration du matriarcat.
Basons nous sur l'affaire en elle même. Une femme va élever un enfant sans homme: la belle affaire, ce n'est rien de neuf. Ce qui est important, c'est que ce n'est pas arrivé par accident, c'est arrivé parce que la cour Européenne a dit qu'une présence paternelle n'était pas indispensable. Exclamations de rage: l'image du père est baffouée, la virilité reçoit un coup de plus, etc. Mais la Cour Européenne a-t-elle vraiment dit cela? Non, elle a dit, soyons exacts: "L'absence de référent paternel ou maternel ne pose pas nécessairement problème en soi". Et je suis supposée avaler que ça, c'est le matriarcat?
Récemment, dans le même ordre d'idées, un ami me disait (je résume et déforme sans scrupules): "Le matriarcat ce serait vraiment nul, regarde nos femmes politiques, elles sont encore plus connes que les hommes." Mais là encore, est-ce que Ségolène Royal au second tour des élections, c'est l'avancée du matriarcat? Absolument pas. C'est une femme qui a fait son chemin dans un système patriarcal, et pour cela, il a fallut qu'elle ait les mêmes armes que les hommes, exacerbées même: l'ambition, l'aggressivité, et j'en passe.
Tout cela, ce n'est pas le matriarcat, c'est toujours le patriarcat, mais qui se pète la figure. La négation de la différence des sexes, ce n'est pas le matriarcat. Les femmes politiques plus détestables que leurs collègues masculins, ce n'est pas le matriarcat. Pas plus que la défense des sans papiers n'est le christianisme. Pas plus que la Halde n'est la République. Pas plus que les "jeunes" ne sont des jeunes, ou la "diversité" la diversité. C'est un mot de plus privé de sens, sauf que cette fois-ci, ce n'est pas par les mêmes.
Et tout comme je ne vais pas oublier ce qu'a un jour voulu dire tolérance sous prétexte que ce mot a été dévoyé, tout comme je sais que je ne suis pas xénophobe même si on essaie de me le faire croire, je ne vais pas me mettre à acclamer le patriarcat parce qu'on prétend que la seule alternative possible serait un fouillis sans repères et sans sens.
Pour un exposé plus précis de ce qu'on devrait appeller matriarcat, je refilerai la corvée à Félix le chat dès que je pourrai. Il n'avait qu'à pas raconter que je suis une petite conne et qu'il m'a tout appris, ce sale misogyne.
samedi 14 novembre 2009
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Excellent billet, vraiment. Je m'y suis intéressé de bout en bout, alors que, en principe, les histoires d'enfants et d'adoption, j'ai tendance à m'en contre-pignoler grave...
RépondreSupprimerJe ne suis pas d'accord avec vous, mais je trouve votre point de vue intéressant. Ca change de la vision réac traditionnelle.
RépondreSupprimerVous avez raison de dire que la démolition du patriarcat, ce n'est pas nécessairement le matriarcat, mais à mon sens, c'est une étape nécessaire, quoi que non suffisante, vers le matriarcat.
Même si je vous accorde que trouver que l'absence de référent paternel ou maternel chez un enfant ne pose pas de problème, ce n'est pas tant du matriarcat que de la bêtise profonde.
"Je ne suis pas d'accord avec vous" : Sur une partie en particulier?
RépondreSupprimer"Ca change de la vision réac traditionnelle.": Et les homos n'aiment pas trop non plus!
Moi j'aime bien en tout cas :)
RépondreSupprimerPour en revenir aux moyens de procréation marginaux : si on s'en réfère aux fora consacrés à la coparentalité, la "méthode de la petite cuillère" (dans les faits plutôt une seringue) semble également très répandue.
C'est vrai que quand je parlais de faire des enfants entre amis, j'aurais pu détailler les rencontres, les méthodes et les arrangements... Mais ça prendrait beaucoup de temps.
RépondreSupprimerDisons que pour moi, l'adoption devrait être réservée aux couples homme-femme mariés. Après, j'ai conscience des manœuvres de contournement opérées par certains couples homosexuels, et si je suis pour laisser faire, je ne suis pour autant pas favorable à la légalisation.
RépondreSupprimerClarissa :
RépondreSupprimer"Il n'avait qu'à pas raconter que je suis une petite conne et qu'il m'a tout appris, ce sale misogyne."
Je n'ai jamais dit ça à haute voix, si ?
Quant au matricarcat, la flemme et trop de boulot actuellement, mais j'essaierai de rédiger un petit abstract bien sourcé quand j'aurai davantage de temps libre. Pour l'heure, je le ferais mal, or le sujet exige quelques précautions, sous peine de se voir répliquer qu'on a une conception idéalisée de la femme, ou autre blabla psychologisant du même tonneau. Moi qui considère l'écrasante majorité de la gent féminine comme un troupeau d'irrécupérables bécasses, tu comprends que ça me ferait bien de la peine.
Juste une remarque : tu places apparemment l'adoption par les gays avant celle par les femmes célibataires, dans l'ordre du plus au moins souhaitable.
RépondreSupprimerPersonnellement j'aurais tendance à considérer comme beaucoup plus saine l'adoption par une femme, même seule, que par deux hommes. Car un enfant sans père - ou sans guère de père - peut quand même se construire quasi-normalement (le contraire serait effrayant vu que c'est le cas d'une bonne partie des enfants).
Tandis qu'un enfant avec deux pères et zéro mère, bon courage.
Ca me fend le coeur de dire ça alors que je suis si solidaire des désirs d'enfant de certains couples gays, et que pendant des années j'ai cru que ça ne faisait aucune différence. Mais c'est comme ça :/
Brisby > C'est vrai que c'est difficile de "trier". Concrètement à ce niveau là, ça se jouerait sans doute plutôt au cas par cas. J'ai bien conscience que certaines femmes célibataires (état pas forcément définitif, en plus) peuvent être plus futées qu'un couple de lesbiennes, par ex.
RépondreSupprimerC'est peut être juste parce que j'ai vu au moins deux très mauvais résultats de gosses élevés par une femme seule que je dis ça. Et en en parlant avec ma mère, elle en avait conclu qu'elle était contre l'adoption dans ces cas là, beaucoup plus que pour deux hommes. Surtout si il s'agit d'un garçon, en fait.
En général vos articles sont plutôt pertinents, Clarissa, mais cette fois votre vision me semble pour le moins bien erronée.
RépondreSupprimerEntendons-nous bien sur la dénonciation du matriarcat, elle vise avant tout le système de "valeurs" sur lequel repose notre société actuelle.
Voici un petit extrait d'un texte de P.Masquelier dans le numéro 121 de la revue "Eléments" que je vous conseille de vous procurer.
"C'est au niveau des valeurs communément partagées par la société, en matière politique notamment, que les bouleversements ont été les plus flagrants. Certes, les femmes restent moins représentées que les hommes sur l'arène publique, quoique leur présence se fasse de plus en plus visible: on compte aujourd'hui une femme député pour 10 hommes à l'Assemblée nationale, contre une sur cinqante en 1973. Mais leur influence culturelle, en revanche, est devenue considérable. En voiture, la priorité n'est plus donnée à l'aérodynamisme des bolides et à leur capacité d'accélération, mais à la sécurité; les citoyens applaudissent donc évidemment des deux mains à chaque mesure visant à limiter les excès de vitesse par l'établissement du permis à point ou l'installation de radars. En fait, l'Etat entreprend partout de prendre en main maternellement la santé de ses ouailles, en imposant le port de la ceinture de sécurité, en interdisant la consommation de tabac dans les lieux publics, en autorisant des campagnes de publicité injurieuses et dégradantes à destination des fumeurs et des consommateurs d'alcool (campagnes qui prennent toujours comme boucs émissaires des hommes, que l'on dénonce d'ailleurs volontiers au passage comme imbus de leur virilité et misogynes)... Selon Michel Schneider, " l'Etat, nominalement patriarcal (géré au sommet par des hommes) est aujourd'hui substantiellement matriarcal(agissant selon des buts et au nom des valeurs féminines)" Alors que le pouvoir avant autrefois pour prérogatives de hisser avec autorité les citoyens vers l'âge adulte de l'autonomie et de la raison, il se donne aujourd'hui pour mission de les materner comme des enfants, de les couver parfois jusqu'à l'étouffement.
[...]
On n'en finirait plus d'énumérer les lois votées ces dernieres décennies et destinées à "libéraliser" la famille, à lui enlever son caractère contraignant et paternaliste. Entre 1965 et 1975, d'ailleurs un tiers des articles du code civil concernant ce domaine ont fait l'objet de nouvelles dispositions: loi sur l'adoption, loi substituant l'autorité parentale à l'autorité paternelle. Mais la fièvre légiférante ne s'est pas arrêtée là: loi sur la recherche du père, loi sur les procréations médicalement assistées, nouvelle loi sur l'adoption, loi sur le PACS, réforme du divorce etc... De manière plus particulière, c'est la place du Père comme garant de la stabilité et de l'autorité du cadre familial qui s'est trouvée considérablement affaiblie par la plupart de ces lois.
[...]
Rank s'est interrogé sur les motifs psychologiques qui ont pu prévaloir au patriarcat d'apparaître comme la porte nécessaire d'entrée dans la civilisation. Juste et sévère sans violence, le père se trouve érigé en une sorte de barrière contre l'inceste, contre les velléités de retour vers la mère, autrement dit il reprend sa fonction biologique primitive qui consiste à séparer les files de la mère. Le matriarcat dans la réfléxion de Rank correspond en fait à un starde de non-élaboration politique et civilisationnel (un stade pré-symbolique, dans le vocabulaire lacanien). Le matriarcat ne rassemble pas des citoyens, mais une société d'enfants vivant dans un état d'anarchie psychologique, de régression, et réfusant d'accepter le caractère nécessairement frustrant d'une existence vouée à la difficulté et au changement. La séparation d'avec la mère, conquête d'une autonomie relative qui nous fasse advenir comme sujets, impliquent de renoncer à la béatitude doucereuse placée sous le patronnage imaginaire de celle qui nous a mis au monde.
(suite)
RépondreSupprimerPeu importe au fond que la réalité du pouvoir soit détenue par les hommes ou les femmes; c'est le fait que la société tout entière soit placée sous le patronnage de la maternité plutôt que de la paternité qui pose problème, car le titre et l'apparence de l'autorité doivent être attribués à la masculinité, ne serait-ce que sous des formes éminement sublimées (comme le respect de la patrilinéarité), afin que le "principe mâle" serve de source psychologique à tout autorité et favorise la maturation de l'enfant en le poussant à se séparer de sa mère.
[...]
Le Nom-du-père, autour duquel s'organise le régime culturel de la paternité, donne un droit d'exister à un père qui autrement ne signifierait plus rien pour l'enfant et serait "en surplus" par rapport à la mère. La maternité établit spontanément un lien fort et étroit entre la ère et sa progéniture, tandis que le père n'a pour s'insérer entre eux que la dignité et l'aura conférées par le nom qu'il lègne au nouveau-né. Sa présence ne devient donc vraiment marquante et structurante pour l'enfant que lorsque celui-ci accède progressivement à la parole, et que la signification du Père lui apparait alors, pour l'ouvrir à l'Oedipe, et l'arracher à la Mère. C'est pourquoi de nombreux psychanalystes se sont profondément indignés de la lois mettant un terme à la transmission obligatoire du patronyme à la descendance, pour autoriser celle du matronyme, lorsque les parents le souhaitent. Désormais un enfant peut être lié à sa mère sans que l'existence du père ne soit mentionnée par un signe fort.
[...]
Le déni du symbolique ramène au stade narcissique de l'oralité. Le sujet, avant de pénétrer dans le monde des symboles et de la génitalité, vit dans un état d'amour fusionnel avec la mère, caractérisé par le modèle de la sexualité orale(dont la métaphore privilégiée est la succion du sein). Il est par conséquent tout à fait naturel que le stade avancé du capitalisme tardif coïncide avec l'établissement d'un relatif matriarcat. Le consommateur n'est rien de plus qu'un enfant incapable d'accéder au désir génital du sujet, et sa seule jouissance est d'absorber boulimiquement des marchandises, de les engloutir, comme si la frénésie d'appropriation pouvait enrayer la fatalité de l'exclusion du ventre maternel: j'accumule des possessions en moi, comme pour faire écho, de manière compensatoiren, au fait que je ne suis plus dans l'utérus tant aimé. En consommant, je paye pour entretenir un fantasme: celui de l'homme ou de la femme qui n'est pas né, du foetus qui reste perpétuellement en gestation."
Pour approfondir le sujet, je vous encourage vivement à lire, par exemple ,"Big Mother" de Michel Schneider ou certains chapitres des passionnants "exorcismes spirituels" de Philippe Muray.
@Pess_
RépondreSupprimerC'est le mal de notre temps que de tout interpréter à travers une grille exclusivement psychanalytique. En l'occurence, cette approche pousse l'auteur à s'enfermer dans une vision largement fantasmée de la matrilinéarité. C'est bien dommage, quand certains travers de notre monde consumériste et utérin, qu'il dénonce à fort juste titre, mériteraient d'être disséqués plus rationnellement, sans complaisance ni symbolisme ordinaire. J'espère avoir le temps d'y revenir dans les prochains jours.
Pess, votre lecture est celle que j'avais perçue sur plusieurs blogs: c'est à dire de voir le monde moderne comme envahi par des valeurs féminines, maternelles.
RépondreSupprimerJe ne dis pas que l'analyse n'est pas pertinente une partie du temps. Vous avez une vision du féminin et du masculin, et à partir de cette vision vous interprêtez le monde, et cela peut aboutir à des analyses intéressantes, mais très fermées sur elles mêmes. A ce compte là, je pourrais aussi vous dire que les kamikazes du 11 septembre ont attaqué des symboles phalliques de la puissance américaine, et ok, pourquoi pas, mais à quoi ce mode de réflexion mène-t-il réellement?
Je voulais justement dans ma conclusion marquer la différence entre cette soi-disant féminité (tiède et moelleuse, maternante, infantilisante) du monde moderne et le *vrai* matriarcat, une véritable idée de pouvoir féminin.
On peut avoir le sentiment que symboliquement, psychanalytiquement, les valeurs masculines sont actuellement "castrées" (armée sans pouvoir et à vocation humanitaire par exemple) mais dans la réalité cela ne confère aucune dignité et aucun pouvoir supplémentaire aux femmes. Concrètement, elles ont toujours dans notre société une position bien plus difficile et précaire que les hommes. (Je parle bien sûr de la moyenne, pas de chaque cas particulier.)
"Peu importe au fond que la réalité du pouvoir soit détenue par les hommes ou les femmes", finalement c'est là que nous ne sommes pas d'accord. D'abord parce que seule la réalité compte, pas les discours, aussi profonds soient-ils. Ensuite parce que je ne suis pas sûre qu'une société vraiment dirigée par des maitresses femmes ressemblerait à celle d'aujourd'hui.
De plus, je ne sais pas si je suis toujours bien dans le cadre du débat, mais pour ce qui est de l'infantilisation des citoyens je me souviens des dernières élections présidentielles et des plaisanteries parce qu'il y avait d'un côté Maman Ségolène et de l'autre Papa Nicolas. Et c'est vrai que c'était un peu ça... Maman est gentille et aime tout le monde, Papa est dur mais juste... Et les gens ont voté pour papa...
(En me relisant, je réalise que ma petite tirade sur le 11 septembre n'est pas forcément très claire. Je ne voulais lancer aucune polémique là dessus, mais juste signaler le défaut bien connu des analyses freudiennes, qui est qu'on peut analyser tout et n'importe quoi de cette manière...)
RépondreSupprimer"L'absence de référent paternel ou maternel ne pose pas nécessairement problème en soi".
RépondreSupprimer>> Hum, personnellement, ça me fait le même effet que les offres mixtes du Pôle emploi : une précaution oratoire dans l'air du temps qui dissimule mal la réalité. Réalité en l'occurrence étrangement discriminatoire : du droit de garde majoritairement accordé à la mère en cas de divorce (toutes choses étant égales par ailleurs, évidemment) à la propagande féministe sur les violences contre les femmes (les violences contre les hommes se révélant pourtant de même ampleur) en passant par la mal nommée "homoparentalité" dont vous traitez ici et pour laquelle les médias nous proposent généralement – à part, exceptionnellement, au cinéma (!), histoire de faire bonne mesure – la même configuration : deux femmes veulent un enfant. Bref, inutile de se vautrer dans le freudisme pour comprendre qu'il s'agit bel et bien de supprimer le Père de l'équation. Taquin et prospecteur de l'absurde après l'Histoire, je me ferais plus postmoderniste que le postmoderne : j'vois pas pourquoi le référent paternel serait spécialement associé au genre masculin (et vice-versa bien entendu, après ablation de ses génitoires, l'homme pourra lui aussi devenir une femme comme les autres). Je vous rejoins en revanche sur le matriarcat et me montre plus pessimiste que les réactionnaires que vous moquez gentiment : la liquidation du patriarcat ne cèdera pas la place au matriarcat (dont on pourrait discuter l'intérêt, au moins subsisterait-il une autorité, fût-elle féminine) mais à l'anomie, à l'anarchie, dans le sens le plus tragique du terme.
Il y a sans doute deux raisons à ça: la première, que les gens acceptent plus facilement qu'un enfant soit élevé par deux femmes (à raison selon moi), la deuxième est que les lesbiennes ont plus souvent un désir d'enfant que les gays. Ceci dit, à partir du moment où la décision de justice a été rendue et ces phrases prononcées, je ne vois plus comment on pourrait opposer un refus à des homosexuels voulant adopter.
RépondreSupprimerPour ce qui est du droit de garde en cas de divorce, mon histoire personnelle ne vaut pas règle générale, mais pour le moment j'ai surtout vu des pères qui se foutaient pas mal de l'avoir...
Violences contre les hommes de même ampleur?
"la liquidation du patriarcat ne cèdera pas la place au matriarcat (dont on pourrait discuter l'intérêt, au moins subsisterait-il une autorité, fût-elle féminine) mais à l'anomie, à l'anarchie, dans le sens le plus tragique du terme."
Effectivement, c'est l'impression que j'en ai. Une autre option est d'être avalés par un autre patriarcat triomphant, sauf que pour le moment les musulmans français ne tiennent pas leurs enfants avec un dixième de la poigne qu'ils auraient dans leurs pays d'origine.
@Clarissa
RépondreSupprimerIl y a sans doute deux raisons à ça: la première, que les gens acceptent plus facilement qu'un enfant soit élevé par deux femmes (à raison selon moi), la deuxième est que les lesbiennes ont plus souvent un désir d'enfant que les gays. Ceci dit, à partir du moment où la décision de justice a été rendue et ces phrases prononcées, je ne vois plus comment on pourrait opposer un refus à des homosexuels voulant adopter.
>> Je note avec quelque amusement que les motifs que vous invoquez reposent en dernière analyse sur une idée reçue, dans une logique discriminatoire. Quant à la décision de justice, il faut rappeler qu'elle a seulement autorisé l'adoption d'un enfant par une personne homosexuelle et vivant en couple, en aucun cas l'adoption d'un enfant par un "couple homosexuel", notion qui n'a pour l'heure aucune existence en droit.
Pour ce qui est du droit de garde en cas de divorce, mon histoire personnelle ne vaut pas règle générale, mais pour le moment j'ai surtout vu des pères qui se foutaient pas mal de l'avoir...
>> Effectivement : votre histoire personnelle ne vaut pas règle générale.
Violences contre les hommes de même ampleur?
>> Absolument. Vous avez par exemple l'enquête de victimation de l'Observatoire national de la délinquance de 2007 intitulée "Cadre de vie et sécurité" (la synthèse ici) qui jette un pavé dans la marre, bien que cette étude princeps sur la question donne des chiffres inférieurs aux autres pays européens, pour des raisons encore à déterminer. Ce n'est qu'un exemple, bien entendu, de nombreuses autres études existent à travers le monde.
Effectivement, c'est l'impression que j'en ai. Une autre option est d'être avalés par un autre patriarcat triomphant, sauf que pour le moment les musulmans français ne tiennent pas leurs enfants avec un dixième de la poigne qu'ils auraient dans leurs pays d'origine.
>> Oui, des gosses qui ne connaissent rien au Coran et ne parlent pas arabe n'est en effet pas de très bonne augure pour l'instauration d'une République islamique. Un mouvement plus préoccupant émerge néanmoins, avec des intellectuels du genre de Ramadan (admirez la transition vers mon dernier billet en date) qui profite de la brèche libérale pour infiltrer leur fondamentalisme.
Je viens d'aller voir votre rapport, et il me semble que intra-ménages il n'y a pas d'ambiguité sur la prépondérance des victimes féminines. ("Il est trois fois supérieur à celui des hommes ayant déclaré avoir été victime de leur conjoint" + l'inégalité dans la gravité des conséquences.) Or quand les féministes parlent de violences contre les femmes, il me semble qu'elles évoquent surtout les violences conjuguales.
RépondreSupprimerDe même les violences sexuelles hors-ménages concernent avant tout les femmes.
Il n'y a que sur les violences physiques hors-ménage que les hommes inversent la donne.
Je n'en tirerais donc pas les mêmes conclusions que vous... La victimisation est "au mieux" moins inégale que ce que je croyais entre hommes et femmes, mais "de même ampleur", pas vraiment.
@Clarissa
RépondreSupprimer>> Je m'attendais à votre réponse, raison pour laquelle j'avais précisé que cette étude, première du genre en France, donne sans surprise des chiffres bien inférieurs à ceux d'autres études réalisées dans d'autres pays, où les violences contre les hommes se révèlent bel et bien de même ampleur, n'en déplaise à l'intuition populaire sur ce sujet. Vous oubliez par ailleurs l'inévitable biais de désirabilité sociale : il est beaucoup plus difficile pour un homme de déclarer avoir été victime de violences de la part de sa femme que l'inverse, à plus forte raison au vu de la propagande féministe à l'oeuvre dans notre pays et de l'absence totale de dispositif pour prendre en charge ces hommes-là. Enfin et pour élargir le débat, ce qui me heurte à chaque fois qu'on parle de violences contre les femmes, c'est le sous-entendu qui lui est associé, soit l'idée que le scandale résiderait dans le particularisme des victimes (ici, le sexe) et non pas dans le fait qu'une violence s'exerce.
(Trois essais pour poster ce message, nom de...!)
RépondreSupprimerc'est le sous-entendu qui lui est associé, soit l'idée que le scandale résiderait dans le particularisme des victimes (ici, le sexe) et non pas dans le fait qu'une violence s'exerce."
En ce qui me concerne, en bonne homo-centrée que je suis, je n'oublie jamais qu'il y a aussi pas mal de violence conjuguale entre femmes ou entre hommes, cela permet de ne pas perdre de vue que ce qui est condamnable est bien la violence en soi.
Ceci dit, si il s'avère(rait?) que la violence des hommes contre les femmes est très majoritaire, alors se voiler les yeux sur cet état des choses serait à peu près aussi idiot que de dire, par exemple: "oui, des noirs et des arabes ont tabassé un blanc dans un bus, mais la violence c'est mal et ça n'a rien à voir avec la couleur de peau."
J'ai pensé au biais dont vous parlez, à la différence entre ce qui est déclaré et commis. On en parle aussi souvent par rapport aux chiffres des viols. Quant à savoir si vraiment cela peut suffire à expliquer un tel écart dans les chiffres, si vous avez les études d'autres pays ça m'intéresse, mais je ne pourrais comprendre que celles en anglais.
Il faudrait aussi à voir l'intensité de ces violences. Que beaucoup de femmes collent parfois une baffe à leur conjoint, ça ne m'étonnerait pas. Mais des passages à tabac en règle?
@Clarissa
RépondreSupprimerCeci dit, si il s'avère(rait?) que la violence des hommes contre les femmes est très majoritaire, alors se voiler les yeux sur cet état des choses serait à peu près aussi idiot que de dire, par exemple: "oui, des noirs et des arabes ont tabassé un blanc dans un bus, mais la violence c'est mal et ça n'a rien à voir avec la couleur de peau."
>> Nous y sommes : derrière l'hystérie autour de la violence contre les femmes, il y a la bourdieuserie de la domination masculine. Et voilà tout soudain que l'essentialisme que les féministes déploraient tout à l'heure s'agissant des femmes prend valeur de dogme explicatif s'agissant des hommes : ces derniers seraient violents par nature et auraient comploté "à l'aube des temps" – pour reprendre l'expression de Françoise Héritier chez Taddeï il y a peu [53:25] – afin d'établir leur suprématie. D'où le silence assourdissant sur les violences contre les hommes perpétrées par des femmes : il serait dommage qu'un si bel édifice sociologique s'écroule sous les assauts du réel. Et au-delà. Un tabassage de Blanc par des Noirs et des Arabes témoigne d'un racisme indéniable. Faut-il pour autant en conclure que tous les Arabes et les Noirs sont racistes et rêvent de casser du Blanc ? Pour moi, ne pas se crever les yeux suppose également de ne pas se livrer à des généralisations indues. Il y a les Arabes et les Noirs qui se conduisent comme des animaux et il y a les autres, qui n'en ont en commun avec les premiers que la race. Oh, je sais bien que de telles distinctions ne feront pas l'unanimité, dans le camp de la réaction, voire auront tôt fait de me faire passer pour un idéaliste. J'assume. ;-)
J'ai pensé au biais dont vous parlez, à la différence entre ce qui est déclaré et commis. On en parle aussi souvent par rapport aux chiffres des viols. Quant à savoir si vraiment cela peut suffire à expliquer un tel écart dans les chiffres, si vous avez les études d'autres pays ça m'intéresse, mais je ne pourrais comprendre que celles en anglais.
>> Je vous invite pour commencer à découvrir l'enquête Enveff, menée par Maryse Jaspard et son équipe... puis à lire la sévère critique qui lui fut adressée par deux figures connues, Hervé Le Bras et Marcela Iacub (ici). Enfin, pour une autre étude et une vision d'ensemble de la problématique des violences contre les hommes, je vous suggère la lecture du document suivant : "Violence à l’égard du mari : vue d’ensemble sur la recherche et les perspectives" (Tutty, 1999).
Il faudrait aussi à voir l'intensité de ces violences. Que beaucoup de femmes collent parfois une baffe à leur conjoint, ça ne m'étonnerait pas. Mais des passages à tabac en règle?
>> Vous avez raison : les femmes préfèrent lancer des objets...
Erf, je crois que votre formulaire de commentaire se rebelle. Erratum, donc : voici le bon lien, pour admirer Françoise Héritier chez Taddeï (la perle à 53:25, comme déjà mentionné supra). Non mais !
RépondreSupprimerJ'irai voir les liens sur les enquêtes que vous avez donné.
RépondreSupprimerA part ça, j'avoue que cette conversation m'ennuie franchement, tant je n'ai pas l'impression que vous vous adressez réellement à moi mais plutôt que vous déclamez en direction de quelqu'un censé représenter l'hystérie féministe, le déni du réel, les généralisations et je ne sais quoi d'autre encore.
@Agg :
RépondreSupprimerUn homme qui met les bourdieuseries au pilori ne peut être totalement mauvais, mais tout de même, sur la question des violences je ne vous trouve pas très honnête.
Bien sûr que tous les hommes ne sont pas des brutes, ni toutes les femmes de pauvres victimes. Mais comparons ce qui est comparable. Se prendre une rafale de beignes par une hystérique en pleurs, ça n'a jamais envoyé un homme à l'hôpital. En revanche, si on répond à notre tour par des coups, il suffit d'un seul mauvais geste pour commettre l'irréparable. Sur le plan purement physique, la violence des femmes et la violence des hommes sont deux choses très différentes.
J'ai notamment lu avec intérêt les témoignages des trois canadiens battus dans l'une des sources que vous citez. Ils ne sont jamais en situation de danger ou de vulnérabilité véritables : ils *choisissent* de ne pas riposter. Ce qui me semble d'ailleurs constituer le comportement masculin "normal", et plutôt sain, à l'égard d'une conjointe. Certes, ce n'est pas marrant, et mon point de vue personnel est qu'ils devraient immédiatement quitter ces harpies.
Mais avant tout, je leur adresserais le même conseil/reproche qu'aux femmes battues : il ne *faut pas* se marier avec des détraqués. (Et le premier ou la première qui songerait à bêler "mais je l'aimaiiis" gagne mon mépris éternel.) Se faire agresser chez soi par son conjoint, ce n'est pas tout à fait aussi arbitraire que se faire agresser dans le métro. Ils doivent d'abord s'en prendre à eux-mêmes et à leur bêtise.
(Je ne dis pas qu'il est anormal pour un homme d'être attiré par les détraquées, ni pour une femme d'être attirée par les brutes, je dis que si on fait la connerie de les épouser, c'est un peu culotté de venir se plaindre par la suite.)
Sinon, plutôt d'accord avec tout le reste.
A la différence de Clarissa, je ne juge pas cette conversation ennuyeuse, et je trouve vos interventions fort intéressantes. J'aurais d'ailleurs aimé répondre sur d'autres points, mais vraiment pas le temps actuellement. (Rien que ce soir, à cause de vous je vais déjà être en retard à mon match de hand avec Thierry Henry.)
Mais en effet, je ne crois pas que Clarissa soit l'exemple type de la féministe revancharde. Je pense que nous avons une position plus différentialiste que la vôtre, mais pas nécessairement obsédée jusqu'à l'aveuglement par une "domination masculine" fantasmée.
Pour ma part, c'est bien la débâcle constatée du patriarcat qui m'a fait m'interroger sur sa pertinence ontologique (et non pas a contrario un refus spontané du patriarcat qui me ferait remettre en cause son efficacité organisationnelle). Force est de constater que les sociétés matrilinéaires ont suscité une meilleure complémentarité entre les sexes, et se sont avérées paradoxalement libératrices pour la condition masculine.
A mettre en perspective avec cet actuel patriarcat moribond et asexué, qui fait de nous tous des mamans.
(P.S. : Et moi j'aime bien "généraliser", désolé. Déjà parce qu'il paraît que c'est très vilain. Veuillez donc pardonner cette faiblesse de mon tempérament.)
"A la différence de Clarissa, je ne juge pas cette conversation ennuyeuse, et je trouve vos interventions fort intéressantes."
RépondreSupprimerJe pense que c'était déjà clair, mais je tiens à insister dessus: ce n'est pas le fond de la conversation qui m'ennuyait mais sa forme. C'est à dire l'impression que j'avais (peut être injustement) d'être sommée de me justifier de propos que je n'avais pas tenus et de pensées qui ne m'étaient pas venues.
@Clarissa
RépondreSupprimer>> Il y a maldonne : je suis simplement parti du raisonnement esquissé dans l'hypothèse que vous envisagiez ("s'il s'avère(rait)...") pour le mener jusqu'à son terme et dévoiler ce qui à mon sens relève d'une stratégie désormais commune dans notre société – et reprise, entre autres, par certaines féministes – qui consiste à se servir du travers même reproché à "l'ennemi" : par excellence, l'essentialisme. Mais je n'avais nulle intention de dresser de vous un portrait en féministe hystérique et experte ès rhétorique. D'abord parce que je sais me tenir lorsque je ne suis pas chez moi, ensuite parce que j'aime votre style et prends plaisir à parcourir votre blog depuis que j'en ai fait la découverte impromptue.
@Félix le Chat
RépondreSupprimerBien sûr que tous les hommes ne sont pas des brutes, ni toutes les femmes de pauvres victimes. Mais comparons ce qui est comparable. Se prendre une rafale de beignes par une hystérique en pleurs, ça n'a jamais envoyé un homme à l'hôpital. En revanche, si on répond à notre tour par des coups, il suffit d'un seul mauvais geste pour commettre l'irréparable. Sur le plan purement physique, la violence des femmes et la violence des hommes sont deux choses très différentes.
>> Sauf votre respect, vous manquez d'imagination. Si vous m'objectez que les hommes étant en moyenne plus forts que les femmes, les coups des premiers font beaucoup plus de dégâts que ceux des secondes, je vous le concède bien volontiers. A ceci près que vous réduisez fallacieusement les violences physiques aux coups portés à mains nues, impliquant donc la force brute. Mais lorsque Lorena Bobbitt a coupé le pénis de son mari John, elle n'a pas eu besoin de ses muscles : un couteau de cuisine a suffi (1993). C'est ce que montrent les études sur le sujet : les femmes compensent leur infériorité physique par l'utilisation d'objets.
Mais avant tout, je leur adresserais le même conseil/reproche qu'aux femmes battues : il ne *faut pas* se marier avec des détraqués. (Et le premier ou la première qui songerait à bêler "mais je l'aimaiiis" gagne mon mépris éternel.) Se faire agresser chez soi par son conjoint, ce n'est pas tout à fait aussi arbitraire que se faire agresser dans le métro. Ils doivent d'abord s'en prendre à eux-mêmes et à leur bêtise.
(Je ne dis pas qu'il est anormal pour un homme d'être attiré par les détraquées, ni pour une femme d'être attirée par les brutes, je dis que si on fait la connerie de les épouser, c'est un peu culotté de venir se plaindre par la suite.)
>> D'accord sur l'essentiel, en introduisant tout de même deux nuances : 1) Un couple, c'est moins un contrat entre deux individus qu'une dynamique relationnelle. Dans le cadre des violences conjugales, bien sûr que le bon sens voudrait que la victime quitte son bourreau. C'est rarement aussi simple, précisément en vertu de la dynamique précitée. 2) Sans vouloir donner dans le lieu commun, on ne connaît jamais vraiment une personne. Le cas des violences conjugales est à cet égard exemplaire : bien souvent, le bourreau était doux comme un agneau avant passage à l'acte et son entourage, à commencer par sa victime, "n'aurait jamais pensé que...".
A la différence de Clarissa, je ne juge pas cette conversation ennuyeuse, et je trouve vos interventions fort intéressantes. J'aurais d'ailleurs aimé répondre sur d'autres points, mais vraiment pas le temps actuellement. (Rien que ce soir, à cause de vous je vais déjà être en retard à mon match de hand avec Thierry Henry.)
>> Merci pour les fleurs. Pour Thierry Henry, je comprends mieux. Mais vous auriez pu lui expliquer, avant-hier, qu'il s'était trompé de jeu ! ;-)
A mettre en perspective avec cet actuel patriarcat moribond et asexué, qui fait de nous tous des mamans.
>> Vous omettez le contexte : patriarcat moribond et asexué, certes, parce que systématiquement attaqué depuis l'avènement de la modernité. Patriarcat dont je rappellerais en outre, à en croire les spécialistes du sujet, qu'il tient debout depuis le néolithique...
(P.S. : Et moi j'aime bien "généraliser", désolé. Déjà parce qu'il paraît que c'est très vilain. Veuillez donc pardonner cette faiblesse de mon tempérament.)
>> Je pense que nous avons tous cette faiblesse. Et pour ma part, je ne la condamne pas tant moralement que rationnellement : généraliser, c'est réaliser un saut logique illégitime entre un certain nombre d'exemplaires d'une catégorie et l'hypothétique essence de la catégorie en question.
Agg: C'est merveilleux de si belles réconciliations, je serais émue si je n'étais pas encore à moitié endormie.
RépondreSupprimerPour le reste, je pense que Félix a mieux dit que moi ce qu'il y avait à dire sur les violences contre le mari/contre l'épouse... A part que je suis peut être plus indulgente que lui envers les gens qui épousent des tarés - ça doit être parce que je pense que 70% des gens sont tarés (chiffre approximatif et passible d'être revu à la hausse). Et aussi pour la raison que vous mentionnez: le conjoint se révélant violent après coup.
Le document qui expliquait en quoi l'enquête sur la violence contre les femmes était biaisée m'a semblé très, très intéressant. En revanche l'enquête contre la violence fait aux maris au Canada avait plutôt tendance à confirmer le sujet: oui cela existe et évidemment que cela peut être pour le moins déplaisant ; mais dans la moitié des cas les violences étaient mutuellement infligées, ces événements semblaient plus courts et ponctuels que dans les cas de violence du mari sur la femme, et les conséquences physiques étaient très rarement graves. J'ai peut être loupé la partie portant sur l'usage d'armes, mais j'ai lu la conclusion: les auteurs de l'enquête concluant eux même qu'il n'était pas nécessaire de lancer une opération de grande envergure contre ce type de violences conjuguales, je ne vois pas pourquoi cela me pousserait à considérer que les violences aux hommes sont "de même ampleur" que les violences aux femmes, si ce n'est même pas l'avis de ceux qui planchent sur le sujet.
"à confirmer MON AVIS SUR le sujet".
RépondreSupprimer@Clarissa
RépondreSupprimerLe document qui expliquait en quoi l'enquête sur la violence contre les femmes était biaisée m'a semblé très, très intéressant. En revanche l'enquête contre la violence fait aux maris au Canada avait plutôt tendance à confirmer le sujet: oui cela existe et évidemment que cela peut être pour le moins déplaisant ; mais dans la moitié des cas les violences étaient mutuellement infligées, ces événements semblaient plus courts et ponctuels que dans les cas de violence du mari sur la femme, et les conséquences physiques étaient très rarement graves. J'ai peut être loupé la partie portant sur l'usage d'armes, mais j'ai lu la conclusion: les auteurs de l'enquête concluant eux même qu'il n'était pas nécessaire de lancer une opération de grande envergure contre ce type de violences conjuguales, je ne vois pas pourquoi cela me pousserait à considérer que les violences aux hommes sont "de même ampleur" que les violences aux femmes, si ce n'est même pas l'avis de ceux qui planchent sur le sujet.
>> Je vois dans votre propos une belle contradiction : vous semblez reconnaître la pertinence de l'étude critique de l'enquête à partir de laquelle les chiffres délirants sur les violences contre les femmes ont été communiqués à grands renforts de propagande médiatique, mais vous n'en tirez pourtant pas la seule conclusion qui s'impose, à savoir que si les chiffres concernant les femmes sont gonflés (vous vous renseignerez fort à propos sur le scandale statistique qui a également éclaboussé le Canada, justement, sur la question) et s'il existe par ailleurs, ainsi que je vous l'ai montré en citant quelques études (parmi beaucoup d'autres), des violences contre les hommes, alors il n'est pas tout à fait déraisonnable de penser que les violences conjugales sont de même ampleur pour l'un et l'autre sexe et que l'affirmation du contraire au profit des femmes relève d'un discours non plus scientifique mais idéologique.
DISCLAIMER : Ce qui suit n'est pas tant une participation au débat qu'une parenthèse sur un sujet qui m'intéresse. Je n'ai donc pas l'intention d'ériger les propos suivants en généralité, simplement d'évoquer des observations personnelles.
RépondreSupprimerCeci étant dit, sur le sujet de la violence conjugale, j'ai plusieurs fois lu des témoignages assez troublants sur la façon dont une personne peut de manière extrêmement insidieuse asseoir son influence sur une autre (jusqu'à en venir aux coups, mais pas nécessairement, ce qui ne rend pas forcément ces histoires plus tristes).
Je me souviens d'une femme qui racontait comment son compagnon avait réussi à lui retirer tout ce qui n'était pas *lui* dans sa vie. Après avoir gagné sa confiance, il avait commencé à critiquer ses amis - ils n'étaient pas sincères avec elle, ils ne la connaissaient ni ne l'appréciaient pas comme lui le faisait, etc. - elle ne devrait par conséquent plus les fréquenter. Puis il l'avait culpabilisée sur sa manière de conduire - elle était un danger pour elle et pour les autres, etc. - elle devrait par conséquent cesser d'utiliser sa voiture. Il lui avait offert un animal de compagnie afin de la retenir au domicile...
Cette femme avait fini par le quitter, heureusement pour elle. Mais son histoire (dont ce qui précède n'est qu'un bref résumé, et passe sous silence la façon dont l'individu l'avait utilisée pour monter une arnaque immobilière !) était édifiante. Et j'avoue m'être demandé jusqu'où un pervers de ce type aurait pu aller avec moi. Lorsque la manipulation est lente, et enfouie sous plusieurs couches d'apparentes dévotion et sincérité, je crois qu'il n'est pas simple de démêler le sain d'esprit du détraqué.
Sinon, ça n'a pas de rapport, mais il m'est venu une idée, Clarissa : tu imagines qu'à force de voir les trois compères que nous sommes se relayer dans les commentaires, on va sûrement penser que Félix et moi sommes des alias créés par toi ? :D
J'avais envie de partager cette pensée rigolote.
[J'aurais dû me relire. Il y a un "pas" en trop quelque part (sauras-tu le retrouver ?), et au lieu de "...ce qui ne rend pas forcément ces histoires plus tristes", lire "moins tristes". Et aussi "m'être demandée". >_<]
RépondreSupprimerOh. Mon. Dieu.
RépondreSupprimerJe viens de perdre une page de commentaire: j'ai envie de mourir, mais vous au moins y avez échappés, veinards.
Je vais donc reprendre en acceleré, tant pis pour mes exemples émouvants et colorés et mes comparaisons pleines de feu et de pertinence.
En un mot, Agg, je ne vois pas la contradiction dans mes propos. Il ne s'agit pas de répondre "oui" ou "non" à une question, on peut admettre que deux phénomènes sont plus proches qu'on ne le croyait sans pour autant croire qu'ils sont égaux. Imaginons que la féministe hystérique que nous avons tous décriée situe les violences contre les femmes à 9 et les violences contre les hommes à 0 ; vous pouvez être à 5 - 5, et moi à 7 - 3 (c'est juste une métaphore, ne venez pas chipoter sur les chiffres choisis!).
Pour les violences psychologiques que Brisby évoque, en revanche, je suis sûre que la culpabilité est bien plus également partagée, car il ne s'agit plus tant d'une histoire de couples et de relations des sexes entre eux que d'êtres humains pathologiquement atteints...
Brisby, sache que quand je me créerai des sous-fifres imaginaires, ils auront un ton bien plus respectueux.
Oh, et quitte à jeter de l'huile sur le feu (mais c'est Brisby l'Imaginaire qui m'y pousse), je me permettrai de rappeler que les hommes sont de nature plus agressive que les femmes. Simple question de testostérone. Ça n'en fait pas une meute de fauves assoiffés de sang féminin, mais il est normal, pour des raisons purement hormonales, que les hommes commettent des actes violents plus souvent que les femmes.
RépondreSupprimer@Clarissa
RépondreSupprimerEn un mot, Agg, je ne vois pas la contradiction dans mes propos. Il ne s'agit pas de répondre "oui" ou "non" à une question, on peut admettre que deux phénomènes sont plus proches qu'on ne le croyait sans pour autant croire qu'ils sont égaux. Imaginons que la féministe hystérique que nous avons tous décriée situe les violences contre les femmes à 9 et les violences contre les hommes à 0 ; vous pouvez être à 5 - 5, et moi à 7 - 3 (c'est juste une métaphore, ne venez pas chipoter sur les chiffres choisis!).
Oh, et quitte à jeter de l'huile sur le feu (mais c'est Brisby l'Imaginaire qui m'y pousse), je me permettrai de rappeler que les hommes sont de nature plus agressive que les femmes. Simple question de testostérone. Ça n'en fait pas une meute de fauves assoiffés de sang féminin, mais il est normal, pour des raisons purement hormonales, que les hommes commettent des actes violents plus souvent que les femmes.
>> Le problème ne réside pas tant dans le rapport lui-même – qu'on peut discuter – que dans l'explication donnée à ce rapport. A ce titre, je trouve particulièrement savoureux qu'après vous être offusquée de ce que j'avais pu vous attribuer une conception essentialiste de féministe enragée, vous concluiez avec une explication qui ressorte précisément à cette conception ! Les hommes seraient donc de nature plus agressive que les femmes en vertu du jeu hormonal. Outre la multiplicité des déterminants à l'oeuvre dans le comportement d'agression et la complexité de leur interrelation qui mettent quelque peu à mal votre théorie biologisante (vous avez les travaux de Pierre Karli, sur le sujet), il y a ce qu'implique une telle conception : si les hommes sont naturellement plus agressifs que les femmes, alors à quoi bon les pleurnicheries féministes ? En bonne logique, le même type d'explications s'adressera aux femmes, justifiant leur soumission éternelle, pour donner au final un magnifique ordre des choses : tout est bien dans le meilleur des mondes hormonaux possibles.
Je m'arrête là sur ce fil de commentaires (avant qu'une légion de vos amis imaginaires débarquent ;-)) et vous dis à bientôt.
Penser qu'il est normal que les hommes aient (en moyenne!) plus de tendances aggressives (chose constatable par la simple observation d'enfants ou d'adolescents...) pour des raisons biologiues ne veut pas dire qu'il est normal qu'ils les défoulent sur autrui au lieu d'apprendre à les canaliser d'une manière ou d'une autre.
RépondreSupprimerA bientôt.