Malika Sorel sur l'observatoire du communautarisme:
"Enfin, concernant les Français de souche, cette pente victimaire n’aurait pas été aussi aisément suivie si les Français ne doutaient pas autant d’eux-mêmes et de leur propre identité. Cela se traduit par une grande propension du peuple français à l'auto-dénigrement, c’est assez frappant ! Si nos dirigeants politiques n’avaient pas eu cette tendance régulière à filtrer les pages de l’Histoire de France dans leurs choix commémoratifs, cela aurait très certainement aidé les Français à mieux assumer leur Histoire, aussi bien les pages d’ombre que les pages de lumière. Si vous observez ce qui s’est passé ces vingt-cinq dernières années, vous verrez que les dirigeants français se sont focalisés sur l’évocation ou la commémoration des pages sombres, quand dans le même temps ils refusaient de fêter les pages glorieuses de l’Histoire du peuple français, en dehors bien entendu du 14 juillet, qui est cependant devenu davantage un rituel auquel sont conviés les hôtes de marque étrangers, qu’une occasion pour le peuple français de se remémorer et de fêter son Histoire. Si vous n’évoquiez avec vos enfants que leurs échecs, sans dans le même temps souligner à leurs yeux leurs forces et leurs qualités, vous verriez rapidement se dégrader leur confiance en eux-mêmes. "
Ce que j'ajouterais, c'est que l'impact du choix des célébrations est sans doute réduit pour les générations qui ont reçu une solide formation en histoire - et le patriotisme qui allait avec. Et j'englobe là-dedans les générations qui ont fait mai 68: car elles ont reçu cette éducation, avant de la piétiner et d'en priver leurs enfants. Je ne me pose pas en juge céleste de tous ceux qui ont fait mai 68 et des valeurs qui ont été véhiculées à ce moment là, mais c'est une autre histoire.
Mais pour ce qui est de ma génération et des suivantes, la différence est vertigineuse. J'ai eu comme tout le monde des cours d'histoire-géo jusqu'à la fin du lycée, et j'ai toujours été une bonne élève : et pourtant j'ai eu le sentiment d'être sortie du lycée sans aucun bagage solide en la matière, et que tout ce que je sais sur l'histoire de France, je l'ai appris de moi-même après. Entendez par là: j'essaie de l'apprendre actuellement.
Ce sentiment sur l'éducation que j'ai reçue a été un peu relativisé quand j'ai constaté avec effroi le niveau de ma soeur, actuellement au lycée, en histoire. Faisons bref: il faut tout lui apprendre. Et je parle pourtant d'une gamine vive d'esprit, intelligente, et qui aime lire. (Et qui a hurlé à la mort quand suite à la votation Suisse elle a appris qu'il y a des minarets et des mosquées en France - il était temps de s'en rendre compte, gamine !)
Ce n'est pas une élève modèle non plus, mais ses oreilles ne se bouchent pas magiquement dès qu'on essaie d'y faire entrer du savoir, le problème ne vient donc pas que d'elle. Une petite anecdote pour vous représenter le niveau de ses camarades en classe de première: à la demande de nommer la couleur symbolisant le nazisme, ils ont répondu "le rouge".
Quand j'étais moi-même en première, une de mes camarades ne savait pas ce que représentait la croix gammée. C'était une fille dans une classe de trente élèves. Voilà: bientôt, un élève dans une classe de trente saura ce que c'est.
Un autre exemple facile est la signification des fêtes et vacances religieuses. Ma mère est allée au catéchisme, et évidemment elle les connaît toutes. Ma connaissance sur le sujet est plus que minable. Et ma soeur ne savait pas ce que représentaient Noël ou Pâques. Fermez le ban. Le pire en ce qui concerne la connaissance religieuse est que les étudiants en lettres reçoivent une petite réeducation en la matière et sont bien forcés, s'ils ont deux grammes de cervelle, de conclure qu'ils ne peuvent pas lire les textes des siècles passés sans connaître un peu la Bible. Mais les étudiants en économie, en sciences, etc, ont toutes les chances d'en rester à "beuah à quoi ça sert ?".
Mes grands-parents n'avaient pas besoin de célébrations pour se souvenir des moments de gloire de la France. Mais les adolescents d'aujourd'hui ? Ils n'auront connu que ça. En novembre, l'amitié franco-allemande. En juillet, la fête du feu d'artifice. En décembre, la fête des cadeaux. Le reste du temps, la fête de la repentance.
Mais à force, trop d'ignorance nuit à la bien-pensance. Quand des jeunes savent ce que c'est que le commerce triangulaire, le nazisme, la guerre d'Algérie, on peut encore essayer de les faire se battre la coulpe sur le sujet. Mais quand il s'agit des adolescents qui n'apprennent plus un seul bout de l'histoire de France, ni "sombre" ni "lumineuse", et qui connaissent la joie du vivre-ensemble avec les CPF, la culpabilité est la dernière chose qui leur vienne à l'esprit.
Le franc parler de ma sœur et celui de ses copains semble n'avoir aucun rapport avec les infinies précautions que je dois prendre avec les gens de mon âge et de mon milieu. Non, ces lycéens m'évoquent plutôt des ouvriers: ils donnent dans le "je déteste les musulmans", "je me suis encore fait taper par des arabes" et autres "foutons les dehors". Les messages constant qui leur ordonnnent de ne même pas penser ce genre de phrases ne sont visiblement pas arrivés à destination.
Et ils voteront Sarkozy.
Cette épiphanie m'est arrivée quand ma sœur m'a demandée si le président était "contre l'immigration". Je lui ai répondu que, quoiqu'il dise, les chiffres indiquaient que non.
Elle: "Il me semblait bien. Mais Machin, l'autre jour, il s'est encore fait taper par des arabes en rentrant, alors il a dit que la prochaine fois il voterait Sarkozy."
Moi: "Eh bien Machin n'a pas compris grand chose à l'affaire..."
Ma soeur: "Oui, mais il réfléchit pas, il est tout le temps énervé. Parce qu'il se fait taper. Et qu'il est puceau."
Que voulez vous ajouter après ça?
vendredi 4 décembre 2009
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"j'ai toujours été une bonne élève dans cette matière: et pourtant j'ai eu le sentiment d'être sortie du lycée sans aucun bagage solide en la matière, et que tout ce que je sais sur l'histoire de France, je l'ai appris de moi-même après. Entendez par là: j'essaie de l'apprendre actuellement."
RépondreSupprimerJe vous rejoint sur ce point. Comme sur le reste d'ailleurs.
J'ai l'impression d'assister, parmi les jeunes blancs des classes populaires, à un retour du refoulé. Sauf que, assez bizarrement, ils semblent ne pas oser l'exprimer. Je me demande ce que ça va donner dans les années qui viennent.
Commençons par supprimer les puceaux, on y verra déjà plus clair...
RépondreSupprimerAu boulot, les rates, au boulot !
C'est vrai que c'est énervant d'être puceau, mais de là à voter Sarkozy...
RépondreSupprimerOn en déduit bien qu'il y a pire que le vote de la peur: le vote de la frustration!
A dire vrai, contrairement à une idée communément répandue, la véritable couleur du nazisme, du moins au temps de l’irrésistible ascension d’Hitler, fut bien le rouge !
RépondreSupprimer« Nous choisîmes comme couleur le rouge ; c’est elle qui stimule le plus et devait le plus vivement indigner et exciter nos adversaires, nous faire connaître ainsi d’eux, et les obliger, bon gré mal gré à ne plus nous oublier »
Mein Kampf, tome I, chapitre XII, La première phase du développement du parti ouvrier allemand national socialiste.
(Je précise, à toute fin utile : ceci n’est pas un message de propagande, mais une simple mise au point historique. N’appelez pas la HALDE…)