Retour sur les bancs de la fac.
Vu sur une affiche du NPA, au sujet des homosexuels: "Nous voulons pouvoir choisir de ne pas nous marier".
Vu sur des autocollants anarchistes: "Des papiers pour tous, ou pas de papiers du tout!"
Vu sur un mur de mon université lors d'un blocage: "On veut rien, on prend tout!".
J'essaie d'imaginer ce qui se passe dans leur tête:
"-Le mariage/les papiers d'identité/l'argent/n'importe quoi, c'est un concept bourgeois, oppressif, fossilisé et pétainiste.
-Je suis un rebelle: je rejette ces concepts.
-Je suis un rebelle: j'aime les étrangers, les homos et les ouvriers.
-Donc je dois réclamer des droits pour eux.
-Donc je réclame ce que je rejette. Alors, je ... je... On n'a qu'à dire... que c'est logique parce que... Houlà, c'est fatiguant. Je suis un rebelle, je vais plutôt aller bloquer des cours pour libérer l'éducation."
Quant à "on veut rien, on prend tout", évidemment ce slogan ne contient pas une miette de vérité, et c'est bien pour ça que je le retranscris. Ils veulent tout, tout le temps, tout de suite. Et ils prennent? Des claques, parfois, mais pas assez. Des canettes dans les distributeurs qu'ils éventrent, aussi.
Car même s'ils ne trouvent pas grand chose à prendre, ils cassent beaucoup. Je suis étudiante depuis plusieurs années: j'en ai vu des mois de blocage. Je peux même comparer les années: 2006, c'était spectaculaire.
2006, c'était laisser derrière soit une salle d'anglais, et revenir pour retrouver une "cuisine autogerée", avec des légumes décrépis dans tous les coins.
En cette semaine de rentrée, je repense avec émotion à ces douces périodes de libération de la fac.
Toute cette rebellion enflammée contre l'état policier et sa violence, les règles, les lois, l'administration ; tout ce sincère engagement en faveur de la liberté... Qui s'exprimait en particulier à travers des menaces adressées aux profs qui continuaient tant bien que mal à donner quelques notes... A travers des appels à circuler dans les couloirs pour bien vérifier qu'aucun cours ne s'y déroulait (si un prof avait eu l'audace d'enfreindre l'interdiction, un numéro de téléphone était donné pour appeler des renforts)... A travers l'interdiction d'accèder à certaines parties des bâtiments... Il fallait ruser, y aller pendant les manifs: eh oui, je suis trop une rebelle, moi aussi.
Quant à ces sbires du système, les journalistes, ils se retrouvaient refoulés à l'entrée parce qu'ils n'avaient pas eu "l'autorisation de la commission des médias de la salle 24"... Quand leurs pneus n'étaient pas crevés.
Je me souviens de ces défenseurs de la démocratie pour qui tout vote devait se faire à mains levées. Pourquoi? Parce que les opposants au "bon choix" n'avaient pas envie de voter à mains levées... Ca avait le mérite d'être franc ; mais je ne crois pas qu'ils le réalisaient.
Je pourrais aussi parler de la ridicule manie de ces "étudiants en lutte" de féminiser tout mot qui avait le malheur de tomber sous leur stylo. Ainsi, "Venez tou-te-s à la manifestation" et autres "les gen-te-s sont tou-te-s éga-le-ux", m'ont régulièrement agressé la rétine. Ils n'écrivaient plus "ils" ou "elles", mais "illes". Astucieux! Finalement, je suis tombée sur des perles comme celle-ci: "Parce qu'aucun-e individu-e n'a de droit sur la liberté d'un-e autre".
Comment oublier ma tendresse infinie pour leurs tentatives d'autogestion, de partage, etc, qui finissaient inévitablement par: "Qui a volé la Cafetière Collective De La Solidarité Fleurie?!" ? J'éprouvais aussi beaucoup de pitié pour ceux qui essayaient de convaincre leurs petits camarades que l'autogestion, ça veut parfois dire retrousser ses manches et nettoyer les chiottes: les notes qu'ils laissaient dans les couloirs étaient totalement ignorées, et parfois, raturées. Je me souviens que certains avaient promis que tout serait remis en l'état avant la reprise des cours: les pauvres naïfs. Ils avaient maladroitement tenté de repeindre un bout de mur. C'était atrocement mal fait, et une petite main avait aussitôt écrit par dessus un "Soyée solidaires!" enthousiaste.
De grands souvenirs, que les moins de trois ans ne peuvent pas connaître.
J'espère que cette année, si je perd deux mois de cours, ce sera par la faute d'une bonne vieille épidémie de grippe, et pas d'une épidémie de connerie.
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Oh putain ! vous êtes étudiante. Franchement, si étant Dieu, je devais vous punir, j'hésiterais entre le viol collectif et rester étudiante.
RépondreSupprimerBon, blague douteuse je le concède, mais je compatis. Accrochez vous quand même.
Billet hilarant. Le coup de la cafetière .....
Allez on s'accroche ......
Pas de problème, je fais moi même beaucoup trop de blagues douteuses. Et j'espère bien ne plus avoir à subir la fac longtemps.
RépondreSupprimerNon mais l'autogestion est un excellent système.
RépondreSupprimerJuste pas applicable par la poignée de petits cons irresponsables qui sont hélas les seuls à la promouvoir.