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lundi 30 novembre 2009

Qui veut rejoindre ma future religion?

Depuis dimanche le mot "minaret" est soudainement bien à la mode, et vous aurez tous lu ou vu les innombrables alarmes contre les relents nauséabonds, le "repli sur les valeurs Suisse" (merci Tariq Ramadan pour ce moment de poilade), et autres "trop de démocratie tue la démocratie"...

Mais je crois honnêtement que ce texte, qui pourtant s'écarte un peu du sujet de base, mérite la palme. Posons le décor. Monsieur Bruno Roger-Petit est journaliste, et il a sous-titré son blog: "Blog le plus surveillé de France". Sur fond d'affiche de campagne présidentielle de Mitterand. Voyant cela, le public sent des sueurs froides lui glisser dans le dos et comprend que l'interlocuteur a soit un sens de l'humour qu'envierait Hannibal Lecter, soit perdu la raison, et peut être les deux à la fois.

Il a intitulé son post: "Xavier Bertrand et les minarets: la beauf attitude de nouveau à la mode à l'UMP?". Une insulte, ça fait toujours bien en titre ; mais il faudra la répéter à plusieurs reprises dans le corps du texte, histoire de ne pas décevoir le chaland alléché, hein.

Et ça commence:


"Dans la série: « je dis n'importe quoi, je ne sais pas de quoi je parle, je ne connais rien au droit français, je n'ai jamais lu la loi de séparation des églises et de l'État de 1905, j'ignore le sens du mot laïcité », let me introducing Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP."

Vous l'aurez compris, je ne citais cette introduction que pour faire remarquer que quand on veut ironiser en anglais, mieux vaut savoir le parler, sous peine de s'écraser le nez (et la crédibilité) sur le sol.


"Pour mesurer l'abyssale sottise de cette sentence, il suffit de s'interroger: Dirait-il la même chose de la religion chrétienne: « je préfère que l'on ait un catholicisme de France »? Ou encore: « Je préfère que l'on ait un judaïsme de France »? Non, il ne le dirait pas."

Ça pourrait être parce qu'on a un catholicisme et un judaïsme de France depuis, oh, une quinzaine de siècles, mais je n'aimerais pas m'appesantir sur cette opinion, j'ai trop peur d'être une raciste ordinaire.

Ceci dit, moi non plus je ne veux pas d'un "Islam de France", ça découle du fait de ne pas vouloir d'Islam en France.


"Est-ce que l'on forcément besoin de minarets pour le faire? ». Celle là n'est pas mal non plus. Rebelote. Dirait-il la même chose pour d'autres religions. Dirait-il: « A-t-on forcément besoin de clochers pour exercer la religion catholique? » ou bien: « A-t-on forcément besoin de synagogues pour exercer la religion juive? ». "

Vous noterez que si le minaret trouve (en apparence seulement) une comparaison facile avec le clocher, il se retrouve ensuite comparé à une synagogue, ce qui coince un tantinet.

Évidemment personne ne me demande de répondre à cette question, mais voilà quand même ma réponse: si j'étais musulmane, vivant en terre d'islam, et que par une inattention saugrenue j'avais laissé des infidèles s'installer dans le quartier voisin, je me dirais sans doute que ces fichus koufar n'ont pas besoin de ces saloperies de clochers qui me cassent les oreilles et qui jurent avec mon paysage, et que si ils ne sont pas contents, c'est pareil ! Allah o Akbar ! Maintenant, allons égorger le prêtre qui a converti Amir.


"Au nom de quoi? De qui? Au nom de quel principe s'accorde-t-il le droit de juger des bonnes manières ou pas d'exercer cette religion? Mystère. Mais il le fait."

Car chacun sait que c'est ça, l'esprit de la loi de 1905, invoquée à deux reprises dans l'article: toutes les religions ont le droit de tout faire tant qu'elles considèrent que c'est nécessaire à l'exercice de leur culte et l'Etat n'a pas à s'en mêler.

Dès demain je vais prétendre entendre des messages de Dieu dans mon sommeil - avec un peu de chance, dans mille quatre cent ans, mes descendants auront le droit de construire des temples en pain d'épice avec l'argent public, d'interdire le salé à la cantine et d'aller travailler vêtus de strings en bonbons.


Tu te moques, infidèle?

"Aujourd'hui, il existe moins de dix minarets en France. On comprend que ça pose problème à Xavier Bertrand."

Mieux vaut s'aplatir que prévenir, combien de fois il faudra vous le répéter?


Remontons un peu plus haut:

"Voilà le vrai visage du racisme banal tel que le pratique le beauf de base."

J'ai compté, c'est la quatrième répétition de l'insulte dans le texte, sans parler du titre, et tout cela sans répondre à la question que nous nous posons tous: ce boeuf, il est halal?

5 commentaires:

  1. Excellent ! Mais le plus fort est tout de même d'avoir trouvé une photo de string en bonbons...

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  2. Je vous trouve particulièrement cruelle sur ce coup. Il est évident que ce garçon souffre d'un grave déficit intellectuel ("let me introducing") et qu'il n'a pas d'autre réconfort que de se convaincre qu'il y a plus con que lui. Et vous nous dites qu'il est journaliste de surcroît !? Vous rendez vous seulement compte que vous parlez d'un homme qui vit dans une très grande détresse psychologique ? Imaginez-vous le temps qu'il a dû consacrer à l'écriture de cet article ? Enfin, pour l'amour du Ciel, faites donc preuve d'un peu de charité chrétienne ! Tenez, par exemple, il m'a même semblé déceler quelques traces de vie intelligente dans ces lignes. Et puis n'est-ce pas déjà extraordinaire que ce pauvre homme, dont l'intelligence est sans doute comparable à celle d'un grand singe (pas très doué je vous l'accorde), soit capable de produire des suites de signes ayant, je ne dirais pas un sens (la charité chrétienne a ses limites, surtout quand on est un mécréant comme c'est mon cas), mais en tout cas quelque chose qui y ressemble ?

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  3. Je trouve que votre nouvelle religion colle un peu trop aux bonbons.
    Mais attention hein ! je ne stigmatise personne, c'est un avis intime et personnel.

    Coach Berny

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  4. Le problème de la France n'est pas dans la présence de musulmans, mais dans l'absence de chrétiens.
    Et votre manière de railler la religion s'inscrit dans la droite ligne des républicains anti-cléricaux.

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  5. Tzatza, nous sommes en désaccord quant à votre première phrase (mais vous le saviez déjà). Quant à mon anticléricalisme, il s'est adoucit avec l'âge (et je ne souhaite pas la disparition des chrétiens en France), mais cesser de railler la religion n'est effectivement pas dans mes intentions.

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